8 mai

Publié le par Berry

mon ordinateur demande en page d'accueil: 8 mai 1945 : où étaient vos ancêtres ce jour là???
le mot ancêtre a vieilli; il m'évoque les salles d'archives (poussiéreuses dans les seuls livres), les arbres généalogiques....
mon père est encore trop "présent" pour que je l'appelle ainsi;mais lui où était il donc ce grand jour??? mémé me le disait encore hier; elle "perd un peu les pédales" mais elle m'a toujours raconté cette histoire;
libéré du S.T.O. mon père devait arriver à la gare (de l'est?) et elle était allée le chercher avec des voisins de l'immeuble; il n'était pas là; ils l'avaient demandé par haut-parleur; aucune réponse; or mémé a passé la guerre en travaillant comme une folle pour pouvoir me nourrir (queues devant les magasins l'alimentation: distribution qui s'arrêtait juste devant elle qui exigeait d'être servie;menaces de  l'épicière et mémé qui allait  droit au commissariat où le flic de service lui disait - tu vas pas fermer ta gueule (elle avait 27 ans) ce qui la déchainait et lui faisait répondre "je sais vous vous servez là bas vous emportez de quoi manger sous vos pélerines moi c'est pour ma gosse; vous venez avec moi pour faire rouvrir le magasin...... ce qui fut fait....); mémé a toujours été combattive  plus qu'émotive mais là à la fin de cette période dure pour elle s' était  fait accompagner de deux amis à la gare!  C'était une bonne idée car j''imagine ses pensées lors du voyage du retour vers la rue de Vaugirard sans mon père....

Les trois étages ont dû lui paraître si longs à monter....

La clé dans la serrure qui n'est pas fermée.... la porte ouverte... mon père était là avec un copain en train de manger comme il se doit....

Elle ne m'a jamais raconté la suite ! je ne sais pas si la date  de cette histoire  est  bien celle de cet anniversaire mais
que les faits se soient passés ainsi est indéniable.
Mon père est mort depuis bien longtemps... ma mère m'a téléphoné ce matin de sa maison de retraite où je vais aller la voir cet après-midi "tu sais je suis en état de mort mais de mort qui traîne"; j'ai droit à cette parole depuis des années, des mois, des jours mais maintenant cela se précise : elle a 96 ans! hier elle m'a appelée 7 fois au téléphone tant elle panique....
Curieusement, après la guerre, elle ne m'a jamais manifesté d'amour maternel; je l 'aimais et la craignais tout autant;

J'ai essuyé des coups de martinet, des rebuffades, des rancoeurs "c'est toujours les meilleurs qui partent les premiers; la petite mimi (une jeune soeur morte avant ma naissance) est morte et toi tu es là" disait elle quand elle y pensait et c'était souvent!!!
Mon père était là pour palier à ma carence affective et aussi ma chère tante si bonne....

Mais on ne se remet jamais  complètement de ce manque!

Enfin c'est la  vie et comme dit  ou presque le feuilleton télé "elle est pas belle la vie"?
A Tous ceux qui ont vécu ce 8 mai 1945 et aux autres..... j'aurais aimé  entendre les cloches de tout Paris carillonnant l'armistice mais je ne m'en souviens plus..... Trop jeune j'étais; trop vieille je suis!
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article